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Précarité et petits boulots, la face cachée du foot féminin


Rawpixel/Pexel

Elles sont sportives de haut niveau mais en parallèle des entrainements, elles enchaînent les petits boulots pour survivre. Zoom sur le quotidien des footballeuses professionnelles, bien loin de celui de leurs homologues masculins.

« Les heures difficiles passées à travailler au McDo étaient vite oubliées lorsque je me retrouvais le soir sur le terrain » confie Mélissa Plaza, ancienne internationale française. Comme elle, de nombreuses joueuses de D1 évoluent aujourd'hui avec un contrat fédéral et ne parviennent pas à vivre décemment. Elles doivent cumuler foot et boulots d'appoint. Jongler avec les emplois du temps « demande beaucoup d'organisation » confie l'auteure de "Pas pour les filles ?", un ouvrage qui dénonce le sexisme dans le milieu du foot. « En une semaine, je devais travailler trois jours au McDo, trois jours à la fac, suivre six entraînements et subir des déplacements de plusieurs heures dans un mini-bus pour participer aux matchs les week-ends » se souvient la trentenaire qui a fait ses débuts à la Roche-sur-Yon. « Quand je ne pouvais pas me rendre à la musculation le matin avant d'aller travailler, je faisais ma séance sur ma pause déjeuner et je sautais le repas » poursuit l'ancienne milieu de terrain aujourd'hui titulaire d'un doctorat en psychologie du sport.

D'après l’Observatoire des inégalités, les femmes gagnent en moyenne 96% de moins que leurs homologues masculins, contre 19% de moins dans les autres secteurs. Si leurs revenus liés au football oscillent entre 300€ et 400€ (hors prime de match), difficile de connaître précisément leur salaire moyen. « Les jobs que nous dégottent les clubs, n'ont rien de très épanouissant, regrette Mélissa. Ils sont censés être temporaires mais certaines sportives les pratiquent des années ». « Nous ne pouvons pas vraiment choisir notre métier. Toute notre vie doit être organisée autour du foot» explique Ophélie Meilleroux (ancienne défenseure à Montpellier) qui rêvait de devenir gendarme. Comme beaucoup, cette employée de mairie a dû renoncer à son projet. Même avec deux revenus, les fins de mois restent difficiles. Les joueuses comptent le moindre denier. À la fin de la saison, certaines profitent de leurs vacances pour faire d'autres petits boulots et mettre un peu d'argent de côté.

Une vie dédiée au football

Leurs préoccupations sont très éloignées de celles des jeunes filles de leur âge. « En choisissant ce métier, nous avons dû tirer un trait sur les sorties, sur les week-ends entre amis et les vacances en famille » déplore Mélissa. « Nous n'avons même pas le temps d'aller boire un verre avec nos collègues de boulot » renchérit Sarah Chalabi, 29 ans. Après sa journée de travail à Intersport, cette milieu de terrain au Rodez Aveyron Football Club a seulement un quart d'heure pour se rendre au stade et aussi peu de temps pour se changer. Le club devient donc très vite une « seconde famille » confie Mélissa qui, comme de nombreuses autres athlètes, a quitté le foyer familial lorsqu'elle était adolescente. Elle regrette toutefois «un effet d'entre-soi» : « toutes nos discussions tournent autour du foot. Il est difficile de s'ouvrir à d'autres univers». Le samedi, seul jour de repos, est consacré aux tâches ménagères. « Il faut bien que l'on ait à manger dans notre frigo lorsque l'on rentre à 21 heures de l'entrainement » lance Béatrice Kaboré, attaquante à l'US Saint-Malo et styliste pour le groupe Groupe textile Beaumanoir.

Une compétition déséquilibrée

Malgré une popularité grandissante, les footballeuses sont exposées à la précarité sur fond d'inégalités criantes. Il existe un vrai fossé entre les conditions de travail des joueuses de l'OL, du PSG et des autres clubs de D1. Quand les unes possèdent le statut professionnel et gagnent plusieurs milliers d'euros par mois, les autres additionnent les casquettes. « Cela donne un championnat à plusieurs vitesses » remarque Mélissa. « On nous demande de nous comporter en sportives de haut niveau. Mais avec le peu de repos que nous avons, il est souvent difficile de rester en forme et de ne pas nous blesser » souligne Sarah. « Nous aimerions être reconnues à notre juste valeur » poursuit-elle. « La première des choses à faire est de rattacher les joueuses à la ligue professionnelle du football » préconise Mélissa qui propose également qu'une la grille salariale soit imposée par la fédération et non par les clubs.

Maëlle Auriol

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