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En avant la grève : et après ?

Dernière mise à jour : 24 mai 2019


©EAG

Le 8 février 2018, Corinne Diacre arrive au stade de l’équipe féminine de l’En Avant Guingamp (EAG). La sélectionneuse de l’Équipe de France vient en repérage mais ne trouve qu’un terrain vide. Regroupée dans les vestiaires, l’équipe féminine de l’EAG est en grève. «C’était une coïncidence que l’on fasse grève le jour de sa venue, avance Charlotte Lorgeré, défenseure, mais ça nous a permis de frapper encore plus fort et de nous faire entendre. »


La veille, les joueuses se sont vues refuser une hausse de leurs primes pour la Coupe de France. De quoi allonger la longue liste des revendications que les Guingampaises font valoir depuis des mois. Salaire, conditions de travail, infrastructures inadaptées… les doléances abondent et l’équipe est à bout. «C’était le refus de trop », explique Charlotte.


La sanction après la grève


Une colère que partage Sarah M’Barek, alors entraîneure de l’EAG : « J’étais du côté de mes joueuses parce que je subissais aussi les mauvaises conditions. » Les réclamations sont transmises à Marlène Bouedec, manager générale de la section féminine de Guingamp, mais restent sans réponse. « On lui a demandé maintes et maintes fois de caler un rendez-vous avec la direction, mais n’avons jamais eu de retour », regrette Marine Pervier, capitaine de l’EAG au moment des faits.


Après la grève, la sanction tombe. Les filles sont privées de quart de finale en Coupe de France. C’est l’équipe des U19 (moins de 19 ans) de Guingamp qui assure la rencontre à leur place, face à Brest. « Le club s’est senti trahi et ne nous a pas du tout écoutées » affirme Charlotte, « mais on a eu l’intelligence de rester soudées ». Depuis les gradins, elles soutiennent les jeunes Guingampaises qui s’inclinent face à l’équipe brestoise.


Leur mobilisation les mène à la table des négociations. L’équipe de l’EAG décroche le rendez-vous tant attendu avec le président du club. L’échange dure 30 minutes et les joueuses en ressortent vainqueurs. Elles y gagnent un terrain attitré, un président dédié à leur section, un staff médical, des déplacements en train et en avion plutôt qu'en bus… « On a vu de réels changements dès le début de saison », se félicite Charlotte.


L’après-grève n’est pourtant pas réjouissant pour tout le monde. « Mon contrat devait se prolonger jusqu’en décembre 2018, explique Marine Pervier, j’ai finalement été remerciée au mois de mai. » Trois mois après la grève. Une coïncidence qui n’en est pas une pour l’ex-capitaine d’équipe devenue entraîneure du FC Nantes.


La liste des griefs s’est allégée mais l'augmentation des salaires reste un point de friction. «C’est la politique du club ! » regrette Charlotte, « la Fédération et la LFP (Ligue de Football Professionnel) investissent énormément d’argent dans la section masculine. C’est donc aux clubs de puiser dans leurs propres ressources pour les équipes féminines. » La footballeuse de 24 ans espère voir la situation s’améliorer avec la Coupe du Monde. La diffusion des matchs sur Canal et TF1 va donner de la visibilité au foot féminin. Et les clubs recevront de l’argent de la Fédération. Il ne reste plus qu’à espérer qu’ils le reverseront aux joueuses. »


Charlotte Darnige

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