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Question de footix : On dit une « entraîneuse » ou une « entraîneure » ?

Dernière mise à jour : 24 mai 2019




La leçon de Maria Candea, sociolinguiste


C’est un casse-tête lexical pour tous les médias. Comment orthographier les postes des joueuses de l’équipe de France ? Il y a toujours un truc qui cloche. Comme ce ‘’e’’ intrus à la fin de ‘’défenseure’’ qui sonne comme une insulte au dictionnaire.

Pour clarifier les choses, on a fait appel à notre Maître Capello : Maria Candea, sociolinguiste à l’Université Sorbonne Nouvelle et autrice du Français est à Nous ! Petit Manuel d’émancipation linguistique. Prompte à critiquer le conservatisme de l’Académie française, elle mise sur la presse pour donner le la : « Lorsque le lecteur voit un mot nouveau écrit et imprimé, il l’accepte bien plus facilement qu’à l’oral. Les dictionnaires suivront la tendance ».

Alors, ‘’défenseure’’ ou ‘’défenseuse’’ ? ‘’Entraîneure’’ ou ‘’entraîneuse’’ ? Maria Candea refait le match.


Défenseuse VS défenseure


« Chacun choisit ce qu’il préfère. Au début des années 2000, les Québécois ont opté pour le terme défenseure. C’était une première étape dans la féminisation des noms, mais cela ressemblait à une féminisation honteuse, le « e » étant muet. Pourtant, on peut très bien accepter « défenseuse ». Les suffixes en –euse sont corrects lorsque le mot est dérivé d’un verbe… comme ‘’défendre’’ »

On a proposé un troisième choix à notre experte : ‘’défenderesse’’, usité dans le monde de la Justice. Elle en a souri : « Non, non ! C’est un terme archaïque. Les féminins en –esse étaient utilisés au Moyen-Âge pour désigner des titres, comme ‘’duchesse’’ ou ‘’comtesse’’. Mais ce n’est plus d’actualité ! »

Entraîneuse VS entraîneure


« Les deux termes peuvent être utilisés ». Pourtant, on hésite encore. Dans notre esprit, une entraîneuse désigne plutôt une charmante créature chargée de pousser les piliers de boîtes de nuit à consommer. « Par habitude, le terme d’ ‘’entraîneuse’’ devrait perdre sa connotation péjorative ! L’évolution de notre langue nous l’a déjà montré. Au XIXe s., le sens d’ ’’étudiante’’ était complètement différent. Il s’agissait de prostituées qui avaient pour clients des étudiants. Alors, lorsque les femmes ont enfin eu le droit de se rendre à l’université, on a d’abord masculinisé leur fonction. In fine, la mauvaise réputation du mot ‘’étudiante’’ a rapidement été oubliée. » Une ‘’entraîneuse’’ est donc tout à fait acceptable, mais ce n’est pas une raison d’oublier le circonflexe sur le i.


Milieu VS milieue ?


Il n’y a pas match entre les deux. « La milieu de terrain est une ellipse. Elle sous-entend : ‘’la joueuse qui évolue au milieu du terrain’’. On écrit donc uniquement une milieu sans ‘’e’’. »


Libéro ou libéroe ?


Le poste de libéro, dernier rempart avant la gardienne, a beau être en voie d’extinction, il faudrait tout de même lui trouver son pendant féminin. « En règle générale, les noms qui terminent en ‘’o’’ ne prennent pas de féminin. L’une des rares exceptions est le duo ‘’rigolo/rigolotte’’. On ne sait pas d’où vient cette forme hybride. Elle a même tendance à pousser les gens à la faute et à écrire ‘’rigolot’’ avec un ‘’t’’.» Libéro suffira donc. D’autant que ‘’libérotte’’ sonne un peu comme un rot malencontreux.

Jérôme Gallo

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