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Dans le monde arabe, les filles restent sur la touche

Dernière mise à jour : 24 mai 2019



Extrait de "17", de Widad Shafakoj. Capture d'écran YouTube.

D'Agadir à Doha, le ballon rond est roi. Au point que l'Institut du monde arabe, à Paris, lui a consacré une grande exposition. Présentée jusqu'au 21 juillet, elle met en scène le rôle clé du foot dans la vie politique et sociale de ces pays. Un tour d’horizon très masculin, qui ne concède qu'un maigre pan de mur à la pratique féminine. Seule équipe mise en valeur : la Jordanie, qui a participé à la Coupe du monde des moins de 17 ans en 2016.


« C’était important, quand on a décidé de construire notre exposition autour de 11 histoires, d’en consacrer une au football féminin, justifie Aurélie Clémente-Ruiz, la commissaire de l’exposition, sur le blog Foot d’Elles. Aujourd’hui, dans l’ensemble du monde arabe, il y a des équipes nationales féminines et l’accès aux stades est autorisé aux femmes. » Selon elle, dans le monde arabe, le football est un vecteur d'émancipation et de liberté pour les femmes.


Les maillots de Tasneem Abu Rob et Rouzbahan Raed Fraij, joueuses de l'équipe de Jordanie des moins de 17 ans, qui ont participé au Mondial 2016. Photo Damien Choppin

A côté des maillots rouges et blancs de deux joueuses jordaniennes, les visiteurs peuvent découvrir des extraits du documentaire 17. La réalisatrice Widad Shafakoj y suit les adolescentes de l'équipe dans leur quotidien et dans la préparation du tournoi de 2016. « C’est beau car c’est une belle source d’émancipation, commente Aurélie Clémente-Ruiz. Des familles demeurent réticentes mais on observe qu’à force de passion, de motivation, elles arrivent à convaincre leur famille pour aller jouer. »


Si elles ont pu prendre part à cette coupe, c’est parce qu’elles ont été automatiquement qualifiées en tant que pays hôte. Il s’agit alors du premier tournoi féminin international organisé dans le monde arabe. Véritable pionnière dans la région, la Jordanie a également accueilli la Coupe d’Asie féminine en 2018. « Le Prince Ali, membre de la famille royale jordanienne, a lancé une politique très volontariste pour inciter les jeunes filles à pratiquer le football, explique la commissaire de l’exposition. Des clubs se sont créés. Il y a eu une réelle incitation pour ces jeunes filles à aller sur le terrain. »


La volonté du Prince ne s’est pas concrétisée sur le terrain pour les moins de 17 ans. Lors de leur Mondial, elles ont pris 15 buts en trois matchs pour n'en inscrire qu'un seul. Leurs aînées ont vécu la même déception en Coupe d’Asie : 16 buts encaissés et trois marqués. Pour Nadim Nassif, professeur à l’Université Notre-Dame-de-Louaizé, au Liban, la présence des jordaniennes reste avant tout symbolique. « Organiser deux compétitions d’envergure continentale et mondiale démontre un grand intérêt », admet-t-il. Avant de suggérer que « ce pays devrait travailler sur le développement des joueuses et des entraîneurs ».


Extrait de "17", de Widad Shafakoj. Capture d'écran YouTube.

Pour ce docteur en sociologie du sport, il y a « un très faible intérêt de la majorité des pays arabes pour le football féminin ». Il suffit d’ailleurs de regarder le classement FIFA en date de mars dernier : on ne trouve, derrière la Jordanie (54e), que six pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, qui végètent entre la 79e et la 135e place.


Ces mauvaises performances féminines ne se limitent pas au football, observe Nadim Nassif. Traditionnellement, peu de femmes pratiquent le sport, il y a donc un « faible nombre de femmes dans les compétitions ». De plus, « les lois de l’Islam restreignent la pratique sportive féminine ». En conséquence, les investissement des états sont anecdotiques.


Et pas sûr que l’organisation du Mondial masculin au Qatar en 2022 change la donne. L’émirat, sponsor de l’expo à l’Institut du monde arabe, n’apparaît tout simplement pas dans le classement féminin. Son équipe n’est pas assez active pour y figurer.


Damien Choppin


Découvrez la bande annonce de 17, le documentaire de Widad Shafakoj :



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