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Les Aigles dames du Mali, mental d'acier et cages en bois

Dernière mise à jour : 24 mai 2019


Les Aigles Dames du Mali après leur défaite 4-0 face au Cameroun. DR

Sébé Coulibaly joue au football depuis ses 15 ans. Après avoir évolué en deuxième division en France, elle signe comme internationale au Mali. Là-bas, elle découvre une équipe de combattante malgré, un football de contact et une nation : les Aigles dames.


Elles pleurent et s’étreignent. Dans le stade Cape Coast de la capitale Ghanéenne, les Aigles Dames du Mali perdent 4-2 face au Cameroun, en demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). La plus importante compétition de foot sur le continent. Et pourtant, ce 30 novembre, l’équipe n’a jamais été aussi fière d’elle. Pour la première fois de son histoire, les Maliennes atteignent le dernier carré d’une compétition internationales et sont sacrées 4e meilleur équipe d’Afrique. Sébé Coulibaly savoure ce moment sur le terrain. L’attaquante franco-malienne participe à sa deuxième CAN, sous le maillot jaune. Pour elle, c’est un record qu’elle offre au pays de ses parents.


L’attaquante intègre l’équipe nationale en 2016 et découvre un football aux antipodes de son expérience en deuxième division, à Tremblay-en-France (93). « Le jeu français se base sur la stratégie, le placement et les passes de balles. Le jeu malien est athlétique. Les filles misent tout sur le physique, l’endurance et la prise de risque. Elles vont au contact. Un sport de duel où l’on donne sa vie sur le terrain. » La numéro 5 a revu ses techniques, appris à jouer sous 35 degrés à l’ombre et s’est habituée au régime alimentaire à base de riz.


Le football comme échappatoire


La sélection 2018 de l'équipe du Mali. DR

Dans un pays où, en moyenne, les femmes se marient entre 15 et 18 ans et ont sept enfants, le sport est un échappatoire. « Parmi mes coéquipières, il y a celles qui ne veulent pas être mariées de force, celles qui fuient leur mari et leurs obligations de femme ou encore celles qui veulent faire leurs preuves et rendre leur famille fière. Ce sont toutes des battantes qui ont trouvé dans le foot un moyen d’être maitresse de leur destin », loue la joueuse de 25 ans. Ces footballeuses « hargneuses » s’entraînent sur des terrains en terre et tirent dans des cages en bois. « Je ne sais même pas comment elles font pour tacler sur des terrains impraticables. C’est remarquable », admire Sébé.


L’investissement des joueuses est reconnu par le public. Les Maliens sont friands de sport et encouragent leurs équipes sans distinction de sexe. Celle qui a grandi dans une France qui néglige le football féminin se réjouit de cette notoriété. Sa famille, restée à Montfermeil (93), en région parisienne, découvre enfin son talent. Il a fallu la télévision malienne pour que sa mère accepte la pratique de ce sport de « garçon ».


Manque de fonds


La popularité ne garantit pas les subventions. La fédération de football malienne n’investit pas assez de fonds pour développer la pratique, poussant les Aigles à y laisser leurs plumes. L’entraîneur prend en charges les frais liés au matériel et les joueuses renoncent aux primes d’entraînement. En 2016, la Fédération malienne n’a versé qu’une moitié de primes de compétition et de qualification à la CAN aux 23 joueuses. Soit 500 000 francs CFA chacune (environ 4 000 euros). La même année, le journal d’information nationale aBamako accuse le président de la fédération, Boubakar Baba Diarra, de détourner les fonds versés par la FIFA et la confédération africaine de football (CAF). Sébé Coulibaly se désole : « Si la fédération croyait plus en nous, on serait peut-être qualifiée pour la Coupe du monde. »


Sadia Mandjo


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